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Roland Garros série 2015 (c) Bruno Aveillan |
Tennis, tournoi,
terre battue, tamis, tension, tie-break, tête de série…
Raquette,
race, rallye, reprise, revers…
Avantage à l’artiste. Il est libre.
Il a le talent et l’audace. Il se donne le temps nécessaire à l’exploration de la
vérité des lieux, à la perception de leurs vibrations, à la compréhension des
échanges. Guidé par un instinct et une sensibilité aigus, Bruno Aveillan n’a
pas son pareil pour transmettre les atmosphères et les émotions, les élans de
passion et les flux de tensions. Il éclaire avec subtilité la face cachée des planètes
les plus exposées, ainsi que peut l’être le stade de Roland Garros chaque
année, lors des Internationaux de tennis. Il est le témoin discret des joies et
des drames qui agitent cette enceinte, des entrailles jusqu’aux ciels.
Champion de la plus haute volée dans
sa discipline, le photographe révèle, sous de multiples et étonnantes facettes,
la dolce vita des amateurs éclairés, à l’ombre de leurs canotiers, qui peuplent
les gradins et les allées à l’heure du célèbre tournoi et, à la fois, les
efforts surhumains que déploient les grands noms du tennis mondial qui
s’illustrent dans la poussière sanguine, brûlée le plus souvent par un soleil
de plomb. Et dans l’œil de l’artiste s’exhale la poétique des gouttes de sueur perlant
sur la nuque de Serena Williams ou du regard de l’ancienne gloire des lieux John
McEnroe.
Elégance du jeu, désir d’excellence,
endurance spectaculaire exigés par des tennismen hors-pairs, plaisir d’exception
pour une population hédoniste, gestes coordonnés à la perfection de jeunes
ramasseurs de balles, sont autant de convergences avec la quête d’un instant de
grâce, d’un angle singulier que le plasticien traque dans l’observation de
toute cette extraordinaire mécanique et de ses rouages les plus infimes autour
des courts. Ses faisceaux fulgurants, ses tonalités suaves, ses effacements
prodigieux sont en soi une signature qu’il régénère à tout bout de champ, sans jamais
se trahir, pour laisser derrière lui un monde ébloui.
Texte de Zoé Balthus accompagnant l'exposition T.R.A.C.E de Bruno Aveillan à partir du 21 mai, galerie JDW (Cosmos), 56 Boulevard de la Tour-Maubourg, 75007 Paris et chez Collette, 213 Rue Saint Honoré, 75001 Paris, à l'occasion de la publication de son livre Roland Garros aux éditions de la Martinière.