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Le don de l'oeil fasciné
La lumière l’a ensorcelé. Où que son regard se pose, quels que soient l’heure, le lieu, les êtres et les choses, ce sont les moindres manifestations de la présence lumineuse que son œil, sous emprise, guette, fasciné. Bruno Aveillan n’a de cesse d’interroger la portée des rayons dont la réponse est toujours la beauté.
Sa vision ne sait résister à l’appel d’une simple chandelle
dont la virtuosité des feux la régale d’une danse serpentine le long des
courbes limpides d’un verre de cristal. La jouissance
d’un esprit pénétré s’exprime d’évidence au sein de toutes ses images.
Telle fascination suppose l’oubli de soi, un
saisissement fulgurant de l’être qui, happé dans l’instant, s’extrait du monde
et s’élève vers les séjours translucides des cieux et le flottement des vapeurs.
C’est un ravissement extatique vers une zone irréelle de nuées fluides entre
lesquelles se dessinent des ombres indécises, échos du retentissement intérieur
de sa lecture du temps et son passage diaphane.
L’ivresse de la métamorphose, de la mouvance perpétuelle des
choses au creux des spectres lumineux s’empare de son regard, à tout bout de
champ. Il conte l’enchantement de cet élan vital d’ouverture
au monde qu’il éprouve n’importe où, hors du monde, dans la dissolution des
limites, au bord d’une voie ferrée ou sur l’asphalte vénitien. Et son vertige
poétique s’offre à la contemplation, au-dessus d’une forêt de silhouettes
majestueuses, mouvantes, sous les neiges ou un soleil laiteux.
[...]
in Fascinatio, Bruno Aveillan, Texte de Zoé Balthus (Ed. Chez Higgins)
Le Grand H - Hong Kong (2007) - Bruno Aveillan
Le fulgurant présent du regard
Si peu de temps pour faire naître de tels instants. Il fallait ses yeux voués aux tempêtes des heures, ce regard qui fixe le cours des choses irréversibles en présent fulgurant. Scellés en une même énigme propice à la couleur, le temps et la lumière sont les matériaux indociles de Bruno Aveillan. De leur inconstance paradoxale qui ensorcelle, il tire un parti singulier, libre, éblouissant.
Il ne s’évertue pas à délimiter au plus précis les contours
des objets. Au contraire, il manifeste son refus de figer l’image en une chose
nette, efface toutes les frontières, favorise les fusions. Les perceptions
s‘avancent d’emblée dans le flou où résonne la vulnérabilité d’être de passage.
Son regard épouse les flots lumineux, en suit à sa guise les
sillages foudroyés, et surtout les réfléchit au gré des éléments qu’ensemble
ils abordent. La lumière évolue à son imparable vitesse – et c’est encore le
jeu du temps. Entre eux, tout est toujours entrelacé, mouvant et l’œil de l’artiste
s’en mêle en virtuose. Sans fard.
Son élégante vision joue d’un certain renoncement
à exhiber l’origine de ce que l’homme et la nature érigent, embrasse plutôt la
nécessité de la dissimuler sous une clarté autre, tamisée par des souffles
d’éther, des brumes éphémères, des voiles de poussière, des ombres passagères.
Un sens nouveau, offert à ce qui disparaît en un clin d’œil, éclate au cœur de
ses images nées dans la flambée du jour ou des éclairs d’un soir. Elles
figurent autant d’enfants de lumière fécondée par le temps.
[...]
in Fulguratio, Bruno Aveillan, Texte de Zoé Balthus (Ed. Chez Higgins)
Fascinatio ~ Fulguratio - Bruno Aveillan
Exposition à la galerie spree
Exposition à la galerie spree
Du 15 octobre au 10 décembre 2011
11, rue de la Vieuville - 75018 Paris
11, rue de la Vieuville - 75018 Paris